BRÈVE HISTOIRE DE COTTÉVRARD

par Daniel Fauvel

            Le territoire de Cottévrard a toujours été un lieu stratégique confirmé aujourd'hui par le croisement des deux autoroutes A28 et A 29. Les fouilles archéologiques préventives menées avant la construction de l'A29 ont éclairé l'histoire ancienne du lieu. On a découvert un habitat et une nécropole qu'on peut dater de -150 à -50 avant Jésus-Christ. Le hameau de la Bucaille est ainsi devenu un site de référence pour les archéologues.

            Il est probable que le lieu est resté occupé durant les premiers siècles de l'Antiquité gallo-romaine comme le prouve les nombreuses pièces de monnaie, datées de Néron à Trajan qui ont été découvertes sur le territoire de la commune au cours du XIX^e siècle. L'abbé Cochet évoque même l'existence d'une voie romaine, un chemin de César conduisant à Cailly.

        Il est plus difficile de caractériser l'histoire du lieu durant le Haut Moyen-Age, faute de preuves archéologiques datant des époques mérovingienne et carolingienne. L'histoire commence à être mieux connue à partir des XI^e et XII^e siècles grâce aux vestiges et documents d'archives. Une motte féodale, datant de cette époque, est toujours visible aujourd'hui. Un document de 1147 prouve la christianisation des habitants du lieu. On dénombrait trois églises: saint Martin à Dreulle, saint Nicolas à Cottévrard, saint Georges à Bosc-Bérenger sans compter la chapelle saint Georges à Gromesnil. Pendant plusieurs siècles et jusqu'à la Révolution, le schéma ne variera pas: le territoire de la commune sera soumis au système féodal, l'abbaye de Jumièges, principal seigneur du lieu, rivalisant avec M. de Gromesnil dont les ancêtres figuraient déjà  sur le document de donation de la "terre de gaia" à la célèbre abbaye en 1199. Pour les siècles suivants, on dispose de documents datés de 1285, 1329, 1345, 1408...qui permettent d'évoquer notamment la dalle funéraire du chevalier Marc d'argent.

          La période contemporaine est marquée par un fait exceptionnel: la reconstruction du clocher de l'église. L'initiative en revient à M. le comte de Gromesnil qui confiera à l'architecte rouennais Courtonne la responsabilité du projet. Contrairement à ce qui a été écrit, il ne s'est pas agi de transférer le clocher de saint Nicolas de Rouen à Cottévrard mais d'en construire un neuf à partir notamment d'un lot de pierres de démolition provenant de la nef, du chœur et du portail  de l'édifice rouennais. La bénédiction eut lieu  le 5 juillet 1843.

           Le village est alors animé par des fêtes religieuses et civiles et il compte de nombreux cultivateurs mais également des commerçants et artisans. On dénombre 374 habitants en 1841. C'est moins qu'en 1790 quand la population dépassait 400 habitants. Les guerres de 1870-71, de 1914-18 et de 1939-45 ont accéléré le dépeuplement dû essentiellement à l'exode rural qui fut une conséquence de la révolution agricole. En 1921, on ne comptait plus que 242 habitants, en 1975, 219. Depuis trois décennies, la rurbanisation a inversé la tendance et, en 2013, Cottévrard comptait 440 habitants, dépassant ainsi le niveau de la fin du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, une nouvelle page de l'histoire du village s'écrit: grâce à l'automobile, on travaille à Rouen et on réside à Cottévrard qui sera rattaché à l'arrondissement de Rouen alors qu'il avait toujours été lié à celui de Dieppe.